Est-ce que je peux avoir la tête dans les nuages et les pieds sur terre ?

Présentation de l'éditeur :

Une anthologie originale de poèmes d'hier et d'aujourd'hui choisis par Célia Galice et Emmanuelle Leroyer sur les thèmes du rêve et de la réalité. Dès 8 ans.


Peut-on avoir la tête dans les nuages et les pieds sur terre ? Vaste question ! Les rêves, dans cette anthologie, ce sont d’abord ceux que l’on fait la nuit, bien au chaud dans son lit.

Mais c’est aussi l’insomnie, la contemplation du ciel, des nuages, des étoiles… Il y a également les rêves éveillés, les illusions, l’imagination et sa confrontation au réel. Le rêve peut être enfin source de grandes aspirations pour l'avenir…

Des illustrations tout en douceur et un florilège de poèmes à lire et relire… avant d’aller se coucher ? Pour mieux rêver après ?

Avis de MilieWB:

La poésie a une odeur de nostalgie écolière, mélange d’encre de chine et de craie calcaire, du temps où l’on appelait encore cela « récitation ». Elle est souvent le premier contact que l’on a avec des textes authentiques, dont on se souvient d’ailleurs de longues années, parfois même toute une vie. L’anthologie de poèmes « Est-ce que je peux avoir la tête dans les nuages et les pieds sur terre », dont les textes ont été choisis par Cécile Galice et Emmanuelle Leroyer, nous replonge dans cette atmosphère d’antan.

Les illustrations de Bombo ont un côté enfantin de cahier de poésie, sublimé cependant par la maîtrise du geste et du sujet.
L’objet livre en lui-même est déjà un régal pour les yeux. La couverture appelle les caresses, des mains pour sa texture, des yeux par sa tournure : un personnage imaginaire dans un univers onirique, la tête dans les nuages et les pieds sur terre. Une utopie ? Une réalité de l’enfance qui s’envole avec l’âge ? En tout cas, un sujet qui inspire les poètes depuis longtemps, des auteurs d’Haïku (petits poèmes japonais) du XVIIème siècle aux auteurs contemporains, en passant par les sonnets lyriques du XIXème.

De Verlaine à Butor, de R-L Stevenson à Queneau, tous s’expriment avec plus ou moins de simplicité sur la proximité relative entre rêve et réalité, sur l’implication de l’un dans l’autre.
Si certains de ces auteurs sont bien connus des enfants, comme Verlaine ou Roy, d’autres sont plus difficiles à aborder à 8 ans, comme Neruda.
Pourtant, même quand le vocabulaire est si imagé que les enfants en perdent le sens, ils sont néanmoins conquis par la musicalité des mots assemblés.

Car c’est, à mon sens, une anthologie qu’on lit aux enfants, en y mettant toute la théâtralité nécessaire. Une bonne manière de leur permettre d’entrer dans les grands textes pour leur faire apprécier le chant des mots avant leur sens.

C’est aussi pour les parents l’occasion de replonger dans l’époque délicieuse où l’on pouvait dessiner des marelles sur des bouts de ciel (Claude Roy) et « marcher en rêvant » (Desnos).
Pourtant, rien n’est ici vraiment superficiel.

Il est des messages cachés que l’on met de l’âge à lire, mais que les enfants, eux, comprennent à demi-mot.
Garder son âme d’enfant est le propre de cette anthologie.
Avoir les pieds sur terre tout en gardant la tête dans les nuages, n’est-ce pas ce qui améliore le monde ?

Être ancré dans la réalité tout en rêvant toujours à une réalité meilleure...