Une planète dans la tête

Standish vit avec son grand-père dans la "zone 7", celle des impurs, privés de tout, surveillés en permanence... Dyslexique, il subit à l'école brimades et humiliations jusqu'au jour où il se lie d'amitié avec son nouveau voisin, Hector. Ensemble ils rêvent de s'évader sur Juniper, la planète qu'ils ont inventée. Mais Hector et ses parents disparaissent sans laisser de trace... Ont-ils été supprimés ?

Le récit coup de poing d'un jeune garçon atypique face au totalitarisme.
Un héros inoubliable, un roman bouleversant.

Voilà un livre bien particulier... Court, mais qui nous touche et nous laisse avec quelques interrogations.

Dès les premières pages, nous pénétrons dans l'univers particulier de Standish, ce garçon pas ordinaire par bien des aspects. La façon spéciale de raconter son histoire, en ajoutant des informations à sa narration principale à l'aide de flashbacks, peut perturber au début. Mais très vite, on veut en apprendre plus sur ce qui lui arrive, sur le monde dans lequel il vit. On comprend certaines choses, on en reconnaît certaines autres mais en fait, à aucun moment il ne répond clairement aux questions du "où" et du "quand". Et on a pas besoin d'en savoir trop pour appréhender ce qu'il vit, ce qu'il ressent et pour s'attacher à lui. Il est une personne hors-normes dans ce monde où le moindre défaut est une raison d'exclusion. Il ne sait ni lire, ni écrire, ce qui ne l'empêche pas d'être intelligent et de comprendre comment fonctionne cette tyrannie ; il a les yeux vairons alors que l'enfant parfait est blond aux yeux bleus. En clair, la règle est la suprématie de "La Patrie" sur tout et tout le monde. L'univers créé par Sally Gardner est oppressant et totalitaire, chacun doit faire attention à ce qu'il dit ou fait de peur d'être dénoncé et réformé, voire pire. C'est un monde dur, plein de privations pour certains et de récompenses pour d'autres.

Tout au long du récit, de nouveaux personnages apparaissent, de nouvelles questions, sur qui ils sont ou ce qui leur est arrivé, sont soulevées et le mystère s'épaissit encore un peu plus. Comme une partie de cartes, à chaque fois qu'on en pioche une, on ajoute des éléments à l'histoire. L'auteur va aussi chercher un peu dans l'Histoire pour construire son récit et c'est ce qui fait qu'il ne semble pas impossible. Ce livre est bouleversant et en l'ouvrant, on ne s'attend pas à être touché de cette façon. La fin est belle, comme le cri d'un enfant différent des autres mais qui demande le droit d'exister, d'un homme opprimé qui réclame le droit d'être libre. Un livre qui ne laisse pas indifférent et qui, d'une manière presque douce, nous montre l'horreur et la brutalité des hommes.

L'avis de Chani

Depuis la disparition de ses parents, Standish vit avec son grand-père dans la Zone 7, celle des moins que rien, ou presque. Dyslexique, il est raillé à l’école, méprisé par ses professeurs qui ne jurent que par la perfection. Le jour où Hector et sa famille emménagent dans la maison voisine, c’est une vraie bulle d’air pour le jeune garçon, le début d’une amitié, mais aussi la fin de l’insouciance.

Une planète dans la tête est un roman très particulier de par sa construction. Composé de chapitres très courts, la narration oscille entre passé et présent sans avertissement. Une fois ceci intégré, le lecteur peut se concentrer sur l’histoire en elle-même. Au départ, le régime autoritaire, la ségrégation, le délabrement de la Zone 7 nous font penser à une dystopie, mais une fois la date à laquelle se situe l’intrigue dévoilée, le lecteur comprend qu’il est face à une uchronie, les longs manteaux noirs et les bras levés prenant une toute autre signification. Dans ce monde où la Seconde Guerre mondiale n’aurait pas connu la même issue que celle que nous connaissons, c’est le règne de la terreur, de la pureté de la race et la chasse aux opposants. Mais c'est aussi, comme dans notre Histoire, la course à la conquête spatiale, et c’est ici que se noue l’intrigue du roman, mais je n’en dirai pas plus sur le sujet.

Une planète dans la tête est un livre différent, déroutant, une ode à la liberté et un réquisitoire contre la pensée unique, un livre qui dérange autant qu’il fascine, un OVNI à côté duquel il serait dommage de passer.