La légende des quatre soldats - 3 : Le Reclus

1759, le 28e régiment d'infanterie des colonies tombe dans une embuscade indienne. Six ans plus tard, rescapé de cette tragédie, sir Alistair Munroe vit claquemuré pour oublier ses cicatrices. Par une nuit d'encre, une inconnue accompagnée de deux petits enfants ose troubler sa retraite. Elle dit s'appeler Helen Halifax et décrète être la nouvelle gouvernante. Pas question de se laisser envahir par cette folle et sa marmaille ! Dès demain, ils décamperont. Mais, indifférente à ses protestations, la jeune femme insiste et s'installe au château. Serait-elle la seule à ne pas le craindre ?

Avis de Domino

Voici donc la suite de la série si émouvante d'Elizabeth Hoyt, La légende des Quatre Soldats . Le cycle met en scène les survivants d'un massacre perpétré sept ans plus tôt, avec en fil rouge reliant les différentes histoires, la recherche du traitre qui a vendu le régiment. Après le coureur des bois souffrant du syndrome de stress post traumatique puis le séducteur séduit, c'est le tour d'Alistair, un botaniste. On a fait la connaissance du couple au centre de ce roman au cours du deuxième tome, Séduire un séducteur. Les personnalités esquissées des deux héros laissaient présager une rencontre haute en couleurs. Elizabeth Hoyt ne déçoit pas ses lecteurs et la rencontre tient toutes ses promesses. Entre la jeune femme en fuite et l'ours mal léché qui cache son âme dévastée les étincelles fusent immédiatement, prémisses d'une passion qui va vite devenir dévorante.

La rencontre est explosive, l'ours refusant d'être apprivoisé par une femme bien trop belle et qui a peiné à cacher sa répulsion première. Alliant finesse de l'analyse psychologique et maîtrise sans faille de son récit l'auteur signe là un roman passionnant de bout en bout. L'équilibre est parfait entre l'intrigue et l'analyse psychologique, entre l'émotion et l'humour. Car si les larmes perlent parfois au coin des paupières c'est aussi bien de rire que de tristesse . En effet, le roman, ponctué de scènes comiques ou déchirantes permet à l'auteur d'explorer une gamme étendue de sentiments. La sensualité est également au rendez-vous et apporte au roman la note pimentée qui met en valeur l'ensemble.

Dans un style impeccable, sans envolée lyrique ni pathos mal venu, Elizabeth Hoyt nous entraîne dans une histoire au dénouement prévisible. Mais ce n'est pas là ce qui importe mais bien plutôt les chemins empruntés pour y parvenir. Les lecteurs de romance vous le diront tous, même dans les moments les plus tristes, quelles que soient les épreuves traversées on est assuré que l'histoire se terminera bien car c'est là un tabou qu'aucun auteur ne se risquerait à transgresser. Cette certitude est au centre du genre et en quoi serait-ce un mal ? Quand on ignore de quoi sera fait demain, dans ce monde où les certitudes vacillent de toutes parts, il est réconfortant de se dire qu'au moins là, il y a un bout de planche auquel on peut se raccrocher. C'est peut-être bien peu, c'est sûrement illusoire mais parfois cela suffit pour continuer d'avancer...