Charly 9

Présentation de l'éditeur

Charles IX fut de tous nos rois de France l un des plus calamiteux.
A 22 ans, pour faire plaisir à sa mère, il ordonna le massacre de la Saint Barthélemy qui épouvanta l Europe entière. Abasourdi par l énormité de son crime, il sombra dans la folie. Courant le lapin et le cerf dans les salles du Louvre, fabriquant de la fausse monnaie pour remplir les caisses désespérément vides du royaume, il accumula les initiatives désastreuses.
Transpirant le sang par tous les pores de son pauvre corps décharné, Charles IX mourut à 23 ans, haï de tous.
Pourtant, il avait un bon fond.

Avis de Na-Dia

Dans ce nouveau roman, Jean Teulé a décidé de parler de Charles IX, roi de France de 1560 à 1574, un roi peu connu. Pourtant, son règne fut l'un des plus marquants de l'histoire de France. En effet, c'est sous son règne que fut orchestrée la terrible nuit de la St Barthélémy.
Roman morbide mais qui, sous la plume de Jean Teulé, s'avère être parfois drôle dans la description qu'il nous fait des derniers jours de Charles IX.

Le livre démarre la veille de la St Barthélémy, où dans sa chambre du Louvres, le roi Charles IX, jeune homme naïf et trop jeune pour régner, ne comprend pas ce que lui demande sa mère, la terrible Catherine De Médicis, son frère, le duc d'Anjou (futur roi Henri III) et le reste de son conseil royal. Et pour cause, ils lui demandent de massacrer les protestants qui ont élus domicile à Paris.
Il finira tout de même par accepter mais demandera à ce qu'il ne reste aucun protestant dans la capitale, pas un pour lui reprocher sa décision, même si une partie de cette décision repose sur le fait qu'il veuille désespérément plaire à une mère qui le méprise.
Jean Teulé a choisi de ne pas écrire sur la nuit de la St Barthélémy, mais sur la réaction de Charles IX suite à cela.
Nous découvrons donc un roi perdu, rendu totalement fou par un acte qu'il a certes été forcé d'accepter, mais qui est trop lourd pour lui à supporter. Déjà fragile avant cette terrible nuit, il s'enfoncera, jour après jour, dans la folie comme pour expier sa faute.
C'est un roi trop jeune, qui fuit ses responsabilités en organisant des parties de chasse pour fuir le conseil royal, et surtout une mère qui ne l'aime pas.
Jean Teulé ne porte pas de jugement sur les actes dont a fait preuve le roi Charles IX, qu'il appelle dans son roman Charly 9, comme pour lui donner un aspect plus humain. Mais en comparaison, il nous décrit des scènes de folie tellement surréalistes que l'on a du mal à y croire. On apprend par exemple, quand il coursait des lièvres, armé de l'épée dont le Pape l'a récompensé pour son rôle dans la St Barthélémy, dans les appartements de sa maîtresse, Marie Touchet, ou quand il a empoisonné ses sujets en leur distribuant du muguet (fleurs toxiques que le peuple affamé a pris pour de la salade) ou encore quand, pour fuir un conseil royal, le jeune roi enfonce sa tête dans le ventre d'un cerf qu'il venait de chasser.

Voilà donc un livre très documenté dans lequel Jean Teulé nous raconte, sous une plume toujours aussi imagée, l'histoire d'un roi que l'on avait oublié, certainement le roi le plus gentil des Valois, mais que sa naïveté a poussé à accepter des choses horribles et qui est mort de désespoir face au massacre qu'il avait ordonné.

On retrouve donc Jean Teulé avec plaisir, pour un roman par lequel on apprend beaucoup de choses et qui s'avère être beaucoup moins rébarbatif qu'un cours d'histoire.
Un bémol seulement dans le fait que l'auteur prend un peu moins de liberté dans ce roman que ce qu'il nous avait habitué jusque là, mais une très bonne leçon d'histoire et une réussite pour ce nouveau livre de Jean Teulé que l'on attendait avec impatience !

A noter : le roman sort en poche le 1er mars 2012 aux éditions Pocket

J'ai beaucoup aimé ce livre, très bien documenté et à la fois très immersif. On se retrouve vraiment au cœur du massacre et de toutes ces horreurs commises par la folie des hommes, et on en vient presque à plaindre ce pauvre Charles... La plume de l'auteur, que je ne connaissais pas jusqu'à présent, m'a un peu déconcertée au début, mais après m'être habituée à ce style mêlant astucieusement langage moderne et ancien, je dois avouer que j'ai finalement été séduite ^^